Même guéris du cancer les patients continuent à avoir besoin de soutien

28 septembre 2022

Une fois le traitement du cancer terminé, c'est-à-dire lorsque la personne est en rémission, peu de soins spécifiques sont actuellement dispensés en dehors des visites de contrôle médical

    Grâce aux nouveaux traitements, tels que l’immunothérapie, de plus en plus de personnes survivent à un cancer. Mais bon nombre d’entre elles sont confrontées, après la guérison, à des problèmes émotionnels, sociaux et professionnels, qui débouchent parfois aussi sur des difficultés financières. L’offre d’un soutien sur mesure au bon moment est donc une absolue nécessité.

    « Au terme d’un traitement contre le cancer, lorsque le patient est en rémission donc, le système actuel ne prévoit que peu de soins spécifiques en dehors des visites de contrôle chez le médecin », déplore la Pr Anne Rogiers, Board Member chez All.Can Belgium. Pourtant, 80 % environ des patients continuent de se heurter à des problèmes persistants. Outre les conséquences physiques, comme la douleur et le gonflement du bras après la chirurgie, la fatigue ou les problèmes de mémoire, ils peuvent aussi faire face à des difficultés d’ordre émotionnel. Les patients ont en effet traversé une période très difficile et intense, lors de laquelle ils ont été confrontés à la peur de mourir. Il est dès lors parfaitement normal qu’une telle épreuve ait d’importantes répercussions sur le plan émotionnel et qu’il ne soit pas possible de reprendre le fil de sa vie en un claquement de doigts. Bon nombre de patients vivent dans la crainte d’une récidive et de l’avenir, surtout pendant les premières années qui suivent la guérison. Et ce, alors que leur entourage pense que tout est terminé, ce qui ne rend pas toujours les choses faciles pour le patient. Par ailleurs, les proches et la famille du patient peuvent aussi avoir besoin de soutien.

    Des années de stigmatisation injustifiée

    « À tout cela peuvent encore venir s’ajouter d’importantes conséquences sociales, financières et professionnelles. De plus en plus de patients perdent leur emploi à cause de leur maladie et, souvent, les patients continuent à porter l’étiquette d’anciens cancéreux des années après leur guérison. Il faut en effet qu’un patient soit guéri et sans traitement depuis dix ans pour être considéré comme vraiment guéri par les organismes financiers, par exemple », précise la Pr Rogiers. « Ce délai est trop long, car les nouveaux traitements tels que l’immunothérapie permettent aujourd’hui de traiter certains types de cancer. Malgré cela, ces personnes – souvent jeunes – se voient refuser le droit aux assurances, emprunts ou revenus garantis pendant plusieurs années. »

    Une détection rapide et un soutien sur mesure sont essentiels

    « Aujourd’hui plus que jamais, il est donc indispensable de détecter et de traiter à temps les conséquences physiques, psychologiques et sociales du cancer. Ce trajet post-traitement peut être différent pour chaque patient, dont les besoins peuvent en outre évoluer au fil du temps. Le soutien doit idéalement être sur mesure et formulé dans un contexte pluridisciplinaire, en tenant compte des besoins de soins tant médicaux que psychosociaux. Ces conséquences sont traitables et réversibles à condition d’instaurer le soutien adapté au moment approprié. C’est dans ce cadre que nous avons récemment démarré la première phase du Cancer Survivor Center, où les survivants du cancer peuvent bénéficier à la fois d’une revalidation physique, d’un soutien psychologique et d’un entraînement de la mémoire, ainsi que d’un suivi médical et nutritionnel », se réjouit la Pr Rogiers. « Je suis moi-même active chez All.Can Belgium, une organisation multipartite qui s’est donné pour mission d’améliorer l’efficacité des soins oncologiques. Le 30 septembre, à 14 heures, nous organisons d’ailleurs un webinaire passionnant sur le thème « Survivorship: Adjusting to life with or after cancer », où j’aurai le plaisir d’échanger avec le Pr Dr Ahmad Awada, le Pr Dr Bart Neyns et Régine Kiasuwa Mbengi. »

     

    Il faut qu’un patient soit guéri et sans traitement depuis dix ans pour être considéré comme vraiment guéri par les organismes financiers et autres. Ce délai est trop long.
    Aujourd’hui plus que jamais, il est donc indispensable de détecter et de traiter à temps les conséquences physiques, psychologiques et sociales du cancer.

    Pr Anne Rogiers Board Member chez All.Can Belgium

     

    Cet article a été écrit le 28/09/2022 par Joris Hendrickx. Pour en savoir plus sur ce type de recherche, consultez le site fr.planet-health.be

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