Réflexions sur l’avenir de la stratégie de prise en charge du cancer

16 juin 2025

Le dernier Plan Cancer structuré a été introduit en 2008, à une époque où il n’existait pas encore de cadre politique coordonné pour les soins oncologiques. En 2025, la question se pose : un tout nouveau Plan Cancer est-il vraiment nécessaire ? Ce qui semble plutôt s’imposer, c’est un processus de renouvellement et de réflexion.

Prof. Ahmad Awada speaking at the event "Cancer Care; The Future Is Now"

    Le dernier Plan Cancer structuré a été introduit en 2008, à une époque où aucun cadre coordonné n’existait. Il a été élaboré à la suite d’une évaluation mettant en lumière les lacunes dans la prise en charge du cancer, ce qui a conduit à des recommandations concrètes.

    Porté par un élan politique et un intérêt électoral, ce plan a été mis en œuvre avec succès et demeure en place depuis plus de 15 ans, avec quelques mises à jour au fil du temps.

    Aujourd’hui, en 2025, plutôt que de réclamer un tout nouveau Plan Cancer, ce dont nous avons réellement besoin, c’est d’une revitalisation – une stratégie renouvelée qui s’appuie sur les acquis du passé tout en s’adaptant aux avancées rapides en oncologie.

    Revitaliser la stratégie semble aujourd’hui plus important que d’élaborer un tout nouveau Plan Cancer.

    Au-delà d’une simple mise à jour, il est essentiel de se poser les bonnes questions : devons-nous conserver le même cadre ? Quels aspects doivent être renforcés ? Et même, le terme « Plan Cancer » reflète-t-il encore l’ambition et la vision nécessaires pour l’avenir ?

    Pour élaborer une approche efficace et tournée vers l’avenir, les facteurs clés suivants doivent être pris en compte :

    1. Évaluer l’impact – Une analyse SWOT approfondie (forces, faiblesses, opportunités et menaces) du plan existant est indispensable. Comprendre ce qui a bien fonctionné et ce qui pourrait être amélioré servira de base aux prochaines étapes.

    2. Les avancées en oncologie – Ces 15 dernières années, l’oncologie a connu des évolutions majeures : innovations thérapeutiques, biologie moléculaire, intelligence artificielle, considérations économiques… Un plan actualisé doit non seulement intégrer ces transformations, mais aussi anticiper les développements des cinq prochaines années pour rester pertinent.

    3. Une approche holistique – La prise en charge du cancer ne se limite pas aux traitements ; elle englobe aussi la prévention, le diagnostic précoce, le suivi des survivants et le soutien à long terme des patients. Ces aspects doivent être renforcés et alignés avec une vision plus large de la santé publique, au-delà de l’oncologie. De nombreux facteurs de risque du cancer recoupent ceux des maladies cardiovasculaires, influençant à la fois le développement et la progression des tumeurs. Une approche modernisée doit refléter cette stratégie transversale, notamment en matière de prévention.

    4. L’évolution du système de santé – La prise en charge du cancer ne fonctionne pas en vase clos. L’organisation des hôpitaux, la recherche clinique et la structure globale du système de santé doivent être intégrées à toute nouvelle stratégie. Le paysage politique et sanitaire s’est complexifié, rendant l’élaboration d’un Plan Cancer cohérent et prospectif plus difficile qu’en 2008.

    En fin de compte, il ne s’agit pas simplement d’actualiser un plan existant, mais bien de façonner une vision nouvelle, adaptée aux réalités d’aujourd’hui et aux possibilités de demain. Peut-être même que le nom du plan lui-même doit évoluer, afin qu’il ne soit plus ancré dans des limites passées, mais qu’il incarne une approche moderne, inclusive et dynamique de la lutte contre le cancer.

    Il ne s’agit pas seulement de politiques publiques, mais bien de redéfinir l’avenir de l’oncologie et de la santé publique – pour qu’il soit ambitieux, global et porteur d’impact pour les générations à venir.

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